Laos, la suite
Lundi 19 mars,
Le réveil sonne tôt et, malgré le mal de ventre de Marjo, nous nous préparons rapidement pour aller prendre notre bus en direction de Vientiane. Cette fois, nous ne pouvons plus compter sur Babeth et Patrick pour nous amener à bon port, et nous nous voyons donc obligés de prendre un tuc-tuc pour rejoindre la gare routière. La nostalgie nous envahit mais la joie revient vite lorsque, à peine montés dans le bus, la musique lao et le kitch à la lao nous réveillent les sens et nous rappellent que, si, c’est quand même sympa de voyager en transports en commun !
Nous partons à 7h du matin et le bus ne fait que s’arrêter à toutes les villes, chargeant motos, panneaux publicitaires et autres babioles sur son toit. Le karaoké tourne en boucle, toujours le même rythme mais avec des chanteurs et des danseurs différents, les gens montent et descendent, le bus est blindé et ils finissent même par installer des tabourets en plastique dans le couloir du bus pour les plus chanceux !
-VIENTIANE -
A minuit, enfin, après 18 heures de trajet, notre bus arrive dans une gare routière dans la banlieue de Vientiane et nous partageons un tuc-tuc avec deux allemandes pour rejoindre le centre ville. Nous négocions ensemble une guest house et profitons de nos lits après cette journée mouvementée.
Mardi,
Nous profitons d’une grasse matinée bien méritée puis rejoignons Marie-Claire, une amie d’amie d’amie des parents de Seb : elle et son mari Philippe sont français mais ont quitté le pays il y bien longtemps ; après avoir beaucoup vécu en Afrique, ils sont arrivés au Laos il y a 3 ? ans.
Elle nous attend pour manger et nous indique comment rejoindre sa maison, au sud de la ville. Nous arrivons donc vers midi et sommes très bien accueillis par Marie-Claire et par le merveilleux repas que nous a préparé Madame Candsamone, sa cuisinière. L’après-midi, après être passés à l’ambassade d’Inde pour consulter les horaires pour les demandes de visas (ce n’est ouvert que le matin), nous retournons dans le centre ville pour louer des vélos et ainsi éviter de devoir payer le tuc-tuc à chaque trajet.
Ce soir là, nous dinons avec Marie-Claire ; Philippe est en déplacement pour le travail.
Mercredi,
Nous nous rendons au consulat indien et courons ensuite un peu dans tous les sens car ils nous demandent de payer avant l’obtention du visa, et en dollars, ce que nous n’avions pas forcément prévu ! Demandes déposées, nous profitons de la fraicheur de la maison l’après-midi pour apprendre à notre hôte les échecs chinois et pour découvrir avec elle le Mah Jong, autre jeu chinois.
Jeudi,
Philippe avait parlé de notre projet de rencontrer des enfants à Somphet, son collègue de travail, qui en a tout de suite parlé au chef de son village qui a accepté de nous recevoir pour quelques jours. Après un tour au marché coloré et animé du centre de la ville, nous nous rendons avec Somphet dans son village pour rencontrer les autorités du village et une institutrice. Nous sommes accueillis par le chef et ses amis dans son jardin, à la bière et au poisson séché : ça annonce la couleur du séjour ! Plusieurs se disputent pour savoir qui aura «l’honneur » de nous recevoir chez lui, puis le problème de la sécurité se pause par rapport à la rencontre avec les enfants et le chef réclame une lettre de recommandation, au cas où quelqu’un demande ce que nous faisons dans ce village et surtout à l’école.
Philippe et Somphet travaillent à Tobacco compagnie, et, à leur demande, le patron accepte de nous faire une lettre de recommandation au nom de l’entreprise, à condition que nous orientions notre atelier vers la protection de l’environnement.
Vendredi,
Philippe et Marie-Claire nous invitent à manger au restaurant avant notre départ pour Haddokkéo, qui se trouve à seulement une vingtaine de kilomètres de Vientiane. Nous dégustons plusieurs plats à la lao que nous partageons : viandes au lait de coco, riz sauté à l’ananas, … dans un joli jardin dans le centre de Vientiane.
-HADDOKKEO -
Samedi,
Un chauffeur de la compagnie vient nous chercher et nous dépose chez le chef du village ; il est absent mais sa femme, Peth, nous fait faire un tour du village et nous accompagne chez Somphet chez qui nous allons loger. Lui est absent pour le weekend end, mais nous sommes accueillis par sa femme et ses enfants.
Leur famille se découpe ainsi : Somphet et sa femme PhouangPhet ont trois « vrais » enfants : Phoyphayline, 15 ans, Moukvilay, 12 ans, et Jackky, 3 ans. Ils ont adopté Bounehom, 18 ans, et Somchay, 16 ans, les jeunes frères et sœurs de PhouangPhet, ainsi que le fils du frère de cette dernière, Khamsay, 7 ans.
L’après-midi, nous ne perdons pas de temps et leur proposons d’aider au travail familial : nous épluchons des branches d’arbres, sur le coup nous ne comprenons pas trop ce que c’est, et la timidité des enfants à parler anglais de nous aide pas. Nous comprendrons plus tard que ce sont des plans de tabac : la feuille est d’abord retirée puis séchée pour le tabac, la branche est ensuite épluchée et ils en font du « cortex » qu’ils exportent au Japon, car seuls les japonais consomment cette partie de la plante.
Chaque soir, les enfants de Somphet ont un cours d’anglais avec Kone ; en semaine, ils vont dans son école, mais le week end, c’est lui qui vient à domicile. Nous profitons donc de ce temps pour se présenter correctement aux enfants de Somphet et aux jeunes voisins venus également participer au cours.
On se rend compte alors qu’enfait, les trois filles de Somphet parlent très bien anglais ! Le lendemain, le cours sera animé par une balade au marché : ce soir, c’est nous qui cuisinons et tous veulent nous accompagner : nous montons dans le 4x4 familial et, Phoyphayline, 15 ans, au volant de ce gros bolide, nous amène au marché du village voisin.
Nous nous entendons très bien avec Kone qui nous propose de nous accompagner lundi matin à l’école et d’ainsi être notre traducteur.
Lundi,
Après avoir préparé une petite présentation dessinée de notre voyage, nous rejoignons Kone et allons à l’école du village. Les gens ayant les moyens envoient leurs enfants aux écoles de Vientiane ; cette école est donc « destinée » aux enfants les plus pauvres.
Nous parcourons la grande cours d’herbe verte et entrons dans la petite école bleue et blanche. Elle n’est composée que de quatre classes. Les professeurs au Laos ont un très petit salaire et sont donc obligés d’avoir un autre travail à côté pour compléter leurs revenus : nous avons croisé l’une d’entre eux dans les champs, chaussée de bottes en plastique, d’un grand tablier et armée d’une machette, et un autre derrière son stand de fruits, légumes et insectes grillés au marché.
Nous sommes accueillis dans la classe du directeur ; une dizaine d’enfants, sourires aux lèvres, écoutent notre aventure et frémissent d’impatience lorsque nous leur proposons de dessiner à propos de leur pays et de ce qu’ils aimeraient en faire découvrir aux enfants de France. Tous très inspirés, ils attrapent les couleurs que nous leur avons apportés et nous montrent rizières, cocotiers, maisons sur pilotis, cascades et animaux en tout genre de leur quotidien.
Malheureusement ce temps ne sera pas très long, nous espérions revenir le lendemain mais la période des examens approche et les enfants doivent travailler dur.
La maison de Somphet est remplie d’enfants ; les siens, mais aussi tous les voisins, venus regarder la télé, ou simplement profiter des deux étrangers de passage.
Nous tentons une première approche en leur sortant des feuilles, des crayons et pastels de couleurs : nous avons grand succès et chaque soir suivant, à la sortie de l’école, les habitués débarquent et attendent que nous re proposions un petit atelier improvisé. Sur la terrasse à même le sol ou parfois dans la maison, petits et grands laissent libre court à leur imagination, à notre grande joie.
Pour certains d’entre eux, c’est plus difficile… Moukvilay, par exemple, aime beaucoup dessiner et nous montre d’ailleurs son carnet rempli de couleurs et de scènes de vie laotiennes. Mais les enfants, ici, sont sans cesse sollicités pour aider à la vie familiale : quand ils ne sont pas à l’école, ils épluchent les plans de tabac, s’occupent des plantes, font le ménage ou la vaisselle, s’occupent du repas du soir : pas beaucoup de temps n’est consacré aux loisirs …
Mardi 27 mars,
Seb se réveille un peu plus vieux que la veille et fête ses 25 ans à Haddokkéo, au Laos. Nous profitons de la journée pour emprunter un scooter à une voisine pour aller faire un tour, nous achetons des fruits pour faire une grosse salade de fruits car, si on a bien compris, Somphet et sa famille ont prévu quelque chose ce soir, d’autant plus que c’est notre dernière soirée au village… Et pas de petite taille : toute la journée, nous voyons arriver caisses de bières, sacs plein de légumes, … et toutes ces petites mains s’activer : les femmes à la cuisine, les enfants à la vaisselle ou au balayage de la cours, d’autres aux courses, ça n’arrête plus...
Le soir, nous voyons peu à peu les gens arriver jusqu’au moment où les sièges de dehors ne suffisent plus et qu’il faille sortir les grands bancs de l’intérieur. Phet, la femme de Somphet, nous baptise de noms laos : Mali (=sorte de fleur, mais jolie s’il vous plait !) et Cambai (=sorte de bambou, mais très costaud s’il vous plait !), tandis que nous la baptisons Anna, et Somphet Paul.
Elle a acheté des petits bracelets de coton, utilisés généralement lors d’un bassi, cérémonie religieuse qui peut avoir lieu lors d’une naissance, d’une construction de maison, d’un mariage, d’une maladie, d’un décès … La cérémonie a pour but de rassembler les nombreuses âmes de chacun, qui ont la fâcheuse tendance à s’enfuir et qui risquent d’être attaquées par les mauvais esprits. On noue un bracelet de coton au poignet de qui on veut pour fixer ses âmes rassemblées, tout cela en lui souhaitant le meilleur ; la personne doit garder le bracelet au moins trois jours.
Nous nous voyons offrir une quinzaine de bracelets chacun, et quelques personnes roulent un billet et le nouent dans le bracelet ; le lendemain, nous nous rendons compte que nous avons autour des poignets l’équivalent de dix euros.
Au bout d’un certain temps arrive l’heure du gâteau : rose, vert et couleur crème forment une grosse masse meringuée et crémeuse : il est magnifique et, cerise sur le gâteau, il est écrit au centre : « Happy Birthday Zeb », ce qui nous lancera dans une grosse crise de fou-rire, accentuée par la Beer Lao et l’euphorie de la surprise. Tous les enfants attendent plus ou moins patiemment leur part autour de la petite table.
Mercredi,
Phet nous prépare un dernier délicieux petit déjeuner et c’est déjà l’heure des aux revoirs. Les enfants, à part Moukvilay, se sont enfuit à l’école, pour éviter ce moment ? Emus, nous enlaçons Phet et sa jeune fille qui se mettent toutes deux à pleurer discrètement, nous ne pensions pas qu’elles s’étaient tant attachées à nous : les femmes de cette famille nous ont paru fortes et ne nous ont pas trop montré leurs sentiments pendant notre séjour, ce qui ne nous a pas toujours aidé à nous sentir à l’aise.
-VIENTIANE (2)-
Nous montons dans le 4x4 « Tobacco compagnie » de Somphet et nous dirigeons vers l’entreprise pour retrouver Philippe. Nous visitons ensuite l’usine avant de rejoindre Marie-Claire que nous prenons grand plaisir à retrouver et à qui nous racontons avec enthousiasme notre séjour à Haddokkéo.
Le soir, après avoir récupéré nos visas indiens, nous profitons de notre dernière soirée à Vientiane avec Marie-Claire, Philippe et leur amie Claire qui repart en France demain et qui devait vider son frigo… Nous avons ainsi droit à du foie gras, du saucisson, du pâté, et du champagne ! Seb souffle pour la deuxième fois ses bougies sur une délicieuse tarte tatin à la mangue.
Jeudi,
Le départ pour Bangkok approche, et nous devons faire nos sacs en pensant au poids pour l’avion, régler plein de petites affaires, penser qu’on quitte un pays pour arriver dans un autre que l’on ne va pas avoir le temps de parcourir, penser qu’on va bientôt prendre un avion et décoller pour l’Inde… Nous ne nous en sortons plus, heureusement Marie-Claire est là pour nous rassurer !
Ce séjour à Vientiane chez eux nous aura fait le plus grand bien. C’était tout d’abord la première fois que nous étions accueillis par des « expat », ce qui était très intéressant de découvrir : les joies, les difficultés, les motivations … Et puis, discuter un long moment, échanger et raconter en français, passer une après-midi à jouer sur une table de salle à manger, dormir dans des draps propres, manger des croques-monsieur et de la salade verte (mais également découvrir les délicieux plats laos), redécouvrir comment se servir d’un couteau à table, … Toutes ces petites choses du quotidien qui peuvent nous manquer, Marie-Claire et Philippe nous ont permis de les redécouvrir et de les apprécier l’instant d’un séjour chez eux grâce à leur superbe accueil. Nous avions besoin de repos, c’est mission réussie !
Le jour de notre départ, nous avons reçu un mail de notre copine Céline rencontrée à Pingyao, en Chine, quelques mois auparavant : elle est également à Vientiane, nous la rejoignons donc pour un court moment boire un petit coup bien détendant avant de filer prendre notre bus. Prochaine rencontre prévue en France !
-PASSAGE ECLAIR EN THAILANDE -
Nous commençons notre trajet en mini bus pour rejoindre la frontière puis, une fois sortis du Laos, nous devons attendre que notre bus parte pendant environ 1h30 : nous attendons d’autres passagers… Effectivement, le bus se blinde et part, une fois plein. Le passage en Thaïlande se fait très simplement, nous nous endormons ensuite dans notre bus « vip » (genre de véhicules que nous nous étions juré d’éviter !), bercés par les bruits du film d’action passé à la télé.
Vendredi,
Nous arrivons à Bangkok vers 5h et, grâce aux conseils d’une française habituée de la ville, nous trouvons une guest house sommaire mais pour pas très cher. Après avoir pris la matinée pour finir notre nuit, nous partons dans les rues de la ville pour déguster quelques plats thaïs et s’offrir un massage dans un centre de massage au cœur d’un temple.
Samedi 31 mars,
Après un court passage en Thaïlande, nous rejoignons notre navette pour l’aéroport et embarquons, vers 11H du matin, en direction de Calcutta…
Aucun trackbacks pour l'instant
26 mai 2012
J’ai essayé de chiquer votre tabac… et bah c’est pas terrible… t’as l’impression de lecher un cendrier!
et les « bonbons »(ce que j’ai défini comme des bonbons » c’est beaucoup trop salé! Pour te donner une idée: cour pendant 3h sans boire et t’auras la même sensation de déshydratation…
3 juin 2012
hahaha le voilà le vrai goût de l’Inde ! Ca donne toujours envie ?!